Le New York times a publié plus de 5 articles sur la problématique de réparation de la dette de l’indépendance ou pour ainsi dire la dette coloniale qu’Haïti a été contraint de payer sous une pression diplomatique et militaire inouïe dans son histoire. En 2022, le sujet revient sur le tapis cependant cette fois-ci il implique deux faits historiques et deux pays; Ce sont la dette de 1825, où la France a obligé Haïti de payer la dette des colons esclavagistes qui selon eux ont perdu leurs plantations lors de la Révolution. D’un autre côté les États Unis au tout début du 20eme siècle pour des raisons d’impérialisme financier ont dépêché un navire, le Matthias et quelques soldats pour s’accaparer de notre réserve d’or estimée à plus de 500 000 dollars.
A ces deux faits, on pourra ajouter un troisième qui est le scandale de la Banque Nationale d’Haïti, une Banque dont l’objectif était de contrôler l’économie et les finances du pays. Toutefois, étant le fruit d’un contrat entre une banque française et l’Etat haïtien, ce fut plutôt une opération d’extraction des finances haïtiennes au profit de cette banque, dont les retombées selon le New York times ont été investis pour construire la Tour Eiffel en France. A travers ce présent article, l’intérêt est de comprendre la question de la dette de par le capital financier et son objectif principal, le rôle de l’Etat haïtien et ses élites et un cas précis, le cas de la demande de réparation et de restitution du président Aristide ce qui fut à l’origine de son renversement.
Il est important de signaler que le mercantilisme et le libéralisme comme modèle économique ont rendu riche les États occidentaux, cette richesse est obtenue au détriment des territoires colonisés prise dans un bourbier colonial qui a scellé leur sous-développement et leur dépendance. Le tout par et pour la métropole qui était l’essence même de l’exploitation coloniale ont rendu tellement riche ces contrées que le capitalisme financier s’est considérablement renforcé. Ce renforcement a obligé les occidentaux à trouver des marchés pour rendre actif ce capital. L’Angleterre qui est le champion de cette idée a ouvert des banques et beaucoup de succursales surtout en Amérique du Sud dans cet objectif.
Les États nouvellement indépendants à partir de 1823 se sont pris dans le cycle infernal de la dette par besoin du capital pour amorcer leur développement. Non seulement leur dépendance fut renforcée, mais d’un autre côté les capitaux reçus doivent être retournés directement aux créanciers. Le développement est un processus à long terme, et doit avoir des capitaux pour être investis dans des secteurs clés mais la loi de la finance internationale oblige que l’argent doit être en perpétuel circulation. Ceci dit le besoin des États obligent ces derniers a toujours emprunter. Après la dette de 1825 qui place Haïti sous l’influence du capital étranger, des emprunts fréquent corsent cette relation stérile pour le développement du pays.
Les États Unis à partir de 1898 tient à tirer son épingle du jeu; Il commence par occuper militairement les territoires caribéens pour contrôler le Canal de Panama pour contrer l’influence européenne et d’un autre côté, les douanes des pays occupés sont sous sa coupe réglée. Il est devenu le principal créancier. Dans le cas d’Haïti, les banques françaises, allemandes et anglaises font place à la National City Bank, le vol à main armé des réserves d’or de la Banque Nationale d’Haïti achève le pays financièrement, la souveraineté du pays n’a plus aucun sens.
Maintenant on parle de réparation, ce qui est juste parce que c’est une partie très sombre et peu connue de notre histoire. Quel est le rôle de l’Etat? L’injustice sociale est la réalité que connaît la société haïtienne. Pour y remédier il va falloir avoir un projet social émancipateur et des coopérations internationales cependant la structure des classes faiblit cette action. Les élites sont de plus en plus occidentalisées et méprisent le peuple et le capital étranger est stricte concernant les lois qui le régissent. Le Petrocaribe était une chance pour le pays, mais sans projet social et avec une dépendance accrue au système international la corruption a dévié cette finance de ses objectifs précis. C’est-à- dire dans les programmes sociaux.
Même si la réparation est possible, l’Etat haïtien de par sa nature ne pourra pas le supporter et l’assumer. Il doit y avoir un collectif qui est conscient des problèmes sociaux pour y remédier.
Le cas d’Aristide est évocateur. Il a sut porter au plus haut sommet de l’Etat la question de réparation. Malheureusement, il fut renversé avec la complicité des acteurs politiques et économiques de l’heure dont l’instabilité et la crise sociale ne dérangeaient pas vraiment. Ils sont les privilégiés du système, tant que tels, un investissement social massif leur aurait remis en question dans leur hégémonie. Les États Unis et la France, deux parmi les pays bénéficiaires du colonialisme ont mis leur touche pour éviter l’effet domino des autres pays anciennement colonisés, le capitalisme doit toujours régner le sous développement de l’un fait le développement de l’autre.
De ce fait, les réparations seront difficiles voire impossibles à réaliser sauf si les États anciennement colonisés se mettent ensemble dans un faisceau commun pour renverser la vapeur. Cependant, comment demander à un pays dépendant de supporter un tel projet? Puisque selon Bertrand Badie, la dépendance est une pratique politique friande pour ceux et celles qui néopatrimonialisme l’Etat et ses ressources, les élites pour simplement dire.
On doit cependant louer la publication de ces articles par le New York times. La réparation n’est pas une chimère, elle peut devenir une réalité. Il va falloir creuser un peu plus, mettre en place des commissions pour organiser des débats et des mouvements de pressions pour garder vivant ces revendications. Ainsi on pourra laisser un chemin tout tracé pour la postérité qui continuera l’action jusqu’à sa concrétisation.
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