
Port-au-Prince, avril 2025 — Elle s’appelle Roselande Belony. À 21 ans, elle incarne le courage, l’ambition et l’espoir d’une jeunesse haïtienne qui se bat pour sa dignité. Journaliste prometteuse, ex-première dauphine de Miss Teen Kiskeya 2022, elle est aujourd’hui au cœur d’un scandale qui révèle, une fois de plus, l’ampleur de la cyberviolence dont sont victimes de nombreuses jeunes femmes dans le pays.

Dans la nuit du 4 avril, alors qu’elle revenait d’une visite à l’hôpital Sainte Camille, Roselande est agressée par un motocycliste qui prétendait la connaître. Il la dépouille de son téléphone, lui arrache ses codes d’accès, puis disparaît dans la nuit. Le lendemain, des messages inquiétants sont publiés depuis ses comptes, évoquant un enlèvement. Très vite, des vidéos intimes issues de sa galerie personnelle commencent à circuler sur les réseaux sociaux. Pire encore : elles sont ensuite partagées sur des sites pornographiques, accompagnées de faux profils à son nom.
Ce n’est pas une simple fuite, c’est un viol numérique. Un acte ciblé, déshumanisant, visant à briser non seulement une femme, mais aussi son image, sa voix, sa dignité. Et malheureusement, Roselande est loin d’être un cas isolé. En Haïti, des dizaines de jeunes femmes sont ainsi piégées, harcelées et humiliées en ligne, dans un silence complice, faute de cadre légal efficace.
L’Organisation Miss Teen Kiskeya, par laquelle Roselande s’était illustrée, a publié une note forte de solidarité. Elle y dénonce un acte « lâche et criminel » et appelle les autorités à « combler d’urgence le vide juridique en matière de cybersécurité ». Elle exhorte aussi les citoyen·nes à se lever contre cette violence invisible, qui détruit des vies derrière des écrans.
Mais Roselande ne plie pas. Dans une intervention émotive mais digne, elle a témoigné publiquement, brisant le silence. Elle appelle à ne plus se cacher, à ne plus subir, à faire front. Et son cri résonne aujourd’hui bien au-delà de son histoire personnelle : il incarne celui de toute une génération qu’on ne fera plus taire.
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