
Depuis son retour au pouvoir, l’administration Trump multiplie les mesures chocs pour réduire la population immigrée vivant aux États-Unis, même ceux qui avaient obtenu un statut légal. L’une des plus extrêmes est en cours de déploiement : la radiation massive de milliers de personnes vivantes du système de sécurité sociale, en les inscrivant dans le fichier… des morts. Une tactique administrative inédite et radicale, qui pourrait bouleverser des milliers de vies.
Selon des documents obtenus par The New York Times, plus de 6 300 migrants dont le statut légal a récemment été révoqué ont déjà été ajoutés au “Death Master File” — une base de données historiquement réservée aux personnes décédées. En y étant inscrits, ces individus perdent automatiquement leur numéro de sécurité sociale, les privant d’accès à des services essentiels : comptes bancaires, cartes de crédit, prestations sociales. Leurs identités sont littéralement effacées, les condamnant à l’isolement économique et administratif. Leland Dudek, commissaire par intérim de la Social Security Administration, a résumé l’impact dans un email interne : leur “vie financière sera terminée.”
L’initiative, appuyée par Elon Musk et le controversé Département de l’Efficacité Gouvernementale, ne s’arrête pas là. Un accord confidentiel entre la Sécurité sociale et le Département de la Sécurité intérieure permet désormais de transmettre les dernières adresses connues de 98 000 personnes à l’agence de l’immigration (ICE), accélérant ainsi leur traque et potentielle expulsion. Cette coopération massive entre institutions marque une rupture : jamais auparavant la Social Security Administration n’avait partagé ses données à une telle échelle avec les autorités migratoires.
Des experts et anciens cadres de l’administration s’alarment déjà. Jason Fichtner, nommé sous George W. Bush, prévient que cette instrumentalisation de la sécurité sociale risque de nuire aussi à des citoyens américains en cas d’erreurs de données. Ce glissement dangereux, qui transforme une agence protectrice en bras armé de la répression migratoire, révèle un changement profond dans la manière dont l’État américain traite les plus vulnérables. Ce n’est plus seulement une question de politique migratoire, mais bien de droits fondamentaux et d’identité.
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