Le 1er janvier 1804, les généraux de la guerre de l’indépendance ont proclamé solennellement et de façon définitive l’indépendance de la colonie française de Saint-Domingue. Le 1er janvier 1904, le président Nord Alexis a célébré le centenaire de l’indépendance. En 2004, les turbulences politiques liées au régime au pouvoir, Lavalas dirigé par le président Aristide, ont empêché que cette célébration se réalise. Qu’en est-il de cette année?
Le Premier ministre Ariel a effectué son traditionnel dépôt de gerbe de fleurs dans un contexte d’instabilité, d’insécurité et de départs massifs vers l’étranger. Illégitime, il est acculé de toutes parts. La seule force qui l’appuie est celle de la communauté internationale qui le maintient au pouvoir. C’est une période d’incertitude totale. Mais quel était le combat mené? Les idéaux de la révolution à Saint-Domingue, qui deviendra Haïti, reposent sur la valorisation de la liberté, de la vie et du bien-être pour les opprimés liés au colonialisme réducteur et criminel.
Plus de 220 ans plus tard, le peuple haïtien est toujours en lutte, une lutte contre le système international et sa hiérarchie politique, économique et sociale. C’est une lutte contre l’État néocolonial qui applique de plus en plus les politiques néolibérales, ouvrant progressivement le territoire au capital étranger au détriment des besoins fondamentaux du peuple haïtien.
Quel est le sens de cette célébration dans un tel contexte? N’est-ce pas une autre manifestation de la trahison de ces idéaux? Ce qui émerge à la suite de la guerre de l’indépendance est plus qu’un État contre la nation haïtienne, comme le dit Jean Casimir. C’est un État qui ne peut créer une société égalitaire.
L’année 2024 doit être une année de réflexion complète sur ce que nous sommes en tant que peuple, sur l’héritage des héros de l’indépendance, sur le colonialisme, sur l’autodétermination des peuples. Ce n’est pas seulement une question de dépôt de gerbes pour ensuite retourner alimenter la violence qui nous affecte tous. C’est une énième occasion offerte pour saisir l’esprit de 1804.
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