L’assassinat du président Jovenel Moïse en sa résidence durant la nuit du 6 au 7 juillet 2021 a plongé les Haïtiens dans la consternation. Plus de trois ans après, le 7 juillet 2024, le mystère reste entier. Malgré les enquêtes menées par les justices haïtienne et américaine, malgré les arrestations et les appels à rendre justice, le silence persiste. Cette situation, marquée par la manipulation de l’opinion publique et les tergiversations, illustre la gravité et la complexité de l’affaire. Sommes-nous confrontés une fois de plus à une grave impunité ?
La présidence représente une fonction de responsabilité, de prestige et de complexité, notamment en raison des défis internes et externes qu’elle implique pour le pays. Ce poste est très convoité : certains cherchent à marquer l’histoire, d’autres à satisfaire leur ego de chef, tandis que certains ne sont intéressés que par les privilèges et les profits associés.
En Haïti, accéder à la présidence est périlleux. Maintenir sa sécurité en tant que président est une véritable calamité, avec une histoire tragique d’assassinats et de révolutions politiques. Jovenel Moïse a été tué dans des circonstances non élucidées, son cadavre photographié circulant sur les réseaux sociaux, une indignité pour un chef d’État. Malgré cela, les acteurs politiques qui lui ont succédé semblent ignorer les leçons du passé, aveuglés par leurs ambitions personnelles et ignorant les complexités du pouvoir présidentiel.
Réfléchir à cet événement ne devrait pas être une question de position politique, mais plutôt de compréhension des faits. La mort d’un président est une tragédie, mais l’institution présidentielle doit perdurer pour assurer la stabilité institutionnelle nécessaire au développement économique du pays.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette tragédie ? Tout d’abord, la présidence ne devrait pas être centrée sur une seule personnalité, mais plutôt être gérée par un groupe ou un parti politique, conformément aux normes modernes. De plus, il est crucial de cultiver une masse critique informée et éduquée politiquement, économiquement et culturellement, afin que le peuple puisse faire des choix rationnels et ne pas céder à la passion. La sécurité présidentielle doit être renforcée de manière autonome, avec des services de renseignements efficaces pour contrer les menaces internes et externes. Enfin, la légitimité du président est essentielle pour faciliter le consensus et écarter les menaces potentielles.
Jovenel Moïse restera dans l’histoire haïtienne comme l’un des présidents les plus controversés, non seulement pour ses actions et décisions, mais aussi pour la période de violence extrême qu’il a traversée. Les pertes humaines et matérielles qui en ont résulté restent incalculables. En outre, une crise migratoire sans précédent témoigne des défaillances du système politique, économique et social basé sur l’injustice et la violence.
Il est regrettable que cet assassinat historique ne soit pas une priorité pour les acteurs actuels, compromettant ainsi l’apprentissage de ces leçons cruciales et risquant de répéter les erreurs du passé. Doit-on attendre des siècles pour que la vérité éclate, comme pour les fondateurs de la nation ?
Richecarde Célestin | Opinion