Que vaut l’Organisation des Nations-Unies (ONU), dans l’état actuel des choses, par rapport à sa mission consistant à sauvegarder la paix dans le monde ? Cette question, dont les réponses possibles constituent une remise en question de l’organisation elle-même, est sur presque toutes les lèvres depuis un laps de temps, surtout dans les milieux diplomatiques.
Cette interrogation, qui ne laisse personne indifférent, est devenue récurrente depuis l’invasion de l’Ukraine par son puissant voisin, la Russie, il y a de cela plus d’un mois. Et depuis, la guerre fait rage là-bas, forçant des millions de personnes à se déplacer pour éviter d’en être victimes.
Des éléments constitutifs de l’échec de l’ONU
Après la deuxième guerre mondiale, qui a emporté la Société des Nations (SDN), promouvoir la paix dans le monde était l’une des leitmotivs ayant motivé la création de l’ONU. Pourtant, aujourd’hui, les Etats puissants déclarent, occupent ou envahissent les Etats les plus faibles militairement, ce, sous l’œil impuissant de l’ONU.
Il n’y a pas longtemps, les États-Unis et ses alliés ont envahi l’Irak (deuxième guerre du Golfe, 20 mars 2003-15 décembre 2011), sous prétexte que ce pays avait des armes de destruction massive. Aujourd’hui, plus de dix ans après la fin de cette guerre, personne n’arrive à se convaincre, voir convaincre les autres, de l’existence de telles armes. La première guerre du Viet-Nam (1946-1954) a éclatée un an après la création de l’ONU. La guerre du Viet-Nam ou deuxième guerre d’Indochine (1955-1975). La première guerre d’Afghanistan (29 décembre 1979-15 février 1989) contre l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). La seconde guerre d’Afghanistan (7 octobre 2002-30 août 2021)… Et la liste s’allonge pour confirmer aux incrédules l’échec de l’ONU.
Aujourd’hui, on constate que la communauté internationale assiste de manière impuissante à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. De l’autre côté de la barrière, on constate également les États-Unis et leurs puissants alliés usurpent de manière illégitime et unilatérale la place de l’ONU et imposent des sanctions à un État souverain, mais envahisseur, en dehors de l’ONU qui ne fait qu’assister à cette escalade de violence sous toutes ses formes, en dehors des mécanismes établis de règlement des conflits.
L’ONU aux abonnés absents
Hors, il revient à l’ONU la prérogative d’utiliser tous les moyens, pacifiques d’abord puis militaire si nécessaire, pour résoudre les conflits opposant les États entre eux. Pourquoi les États membres de l’ONU sont-ils si impuissants face à un petit groupe d’États ? Pourquoi un seul État et certains de ses alliés sont-ils plus puissants qu’une organisation à vocation universelle ? Une organisation à laquelle les États membres, au regard de sa charte, devraient se soumettre ? Face à cet état de fait, n’est-il pas de bon ton de repenser sa structure organisationnelle, en proposant un amendement à sa charte fondamentale, en vue de la rendre plus à même de répondre aux exigences de l’heure ?
L’invasion de l’Ukraine par la Russie consomme, aux yeux de, l’échec total et cuisant de cette organisation qui aurait dû trouver une solution pacifique au conflit, en utilisant les armes de la dialectique, quitte à imposer cette paix par la dialectique des armes, ce, par l’intermédiaire des Casques bleus. Celui qui veut la paix prépare la guerre, dit-on.
La mission de l’ONU
Car, nous ne cesserons de le répéter, l’une des missions de l’ONU est le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Et l’atteinte de ce but passe inexorablement, d’un côté, par l’interdiction du recours à la force, à la violence armée, et, d’autre part, l’obligation par les États membres de règlement pacifique des conflits, auxquels les Nations-Unies peuvent largement contribuer.
Avec cette guerre, l’économie mondiale risque de s’effondrer, la famine connaîtra de nouveaux records, les petits États les plus vulnérables paieront un fort tribut.
Haïti pourra-t-elle tirer son épingle du jeu ?
Haïti faisant partie des États économiquement faibles devrait, dès maintenant, commencer à prendre les dispositions requises pour anticiper soubresauts de ce conflit qui risque de l’enliser davantage dans l’extrême pauvreté. En ce sens, l’Etat haïtien doit utiliser, en pareille circonstance, une politique sectorielle stratégique en augmentant la tranche budgétaire allouée à l’Agriculture et à la production locale en général, pour réduire la dépendance alimentaire du pays.
Et le Ministère de l’Agriculture devrait profiter de la campagne du printemps et de la saison pluvieuse pour mener une vaste campagne agricole dans les différents régions agricoles du pays, selon leur vocation respective, pour éviter la famine qui, déjà, frappe à nos portes. Cette politique sectorielle, dans les faits, devrait se traduire en la distribution massive et efficace de semences et d’intrants agricoles.
Aujourd’hui, à travers le monde, on commence déjà à ressentir les conséquences de cette guerre. Elles seront néfastes, et le sont déjà, pour le monde entier, en général, et pour les petits États, en particulier, qui bien avant même cette guerre, faisaient face à une situation néfaste, avec une économie exsangue. Leurs populations étaient dans une situation précaire. Encore du travail pour l’ONU qui doit, d’une part, travailler pour le maintien de la paix dans le monde et, d’autre part, aider les petits États économiquement faibles à faire face aux défis découlant de la guerre et des conflits armés.
L’ONU doit donc travailler au maintien de la paix afin de faire reculer les frontières de la misère. Car, plus l’ONU priorise la Paix dans le monde, moins il y aura de pauvreté à combattre.
Alfredo Antoine Ex-président de la commission permanente des affaires étrangères à la chambre des Députés de la 50e legislature.
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