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Haïti et la Communauté Internationale : D’où Vient Cette Obsession d’Intervenir ?

Contextualisons une fois de plus. L’insécurité qui préoccupe les Haïtiens vivant dans la capitale et les villes de province a augmenté. Après une période de fausse accalmie, c’est maintenant au tour des habitants de Carrefour-Feuilles, de Solino et de Lillavois de quitter leurs foyers, non sans peine, non sans douleur. Nous assistons, le cœur meurtri, à l’assassinat de sept membres d’une même famille. Une autre femme a perdu son fils de 28 ans. Des maisons ont été incendiées, des vies ont été perdues. Ce qui est encore plus intriguant, c’est que ces événements se déroulent en série, d’une localité à une autre.

Il semble presque qu’il s’agit d’un complot bien orchestré pour attirer l’attention de la communauté internationale, alors même qu’elle se réunit en conseil des Nations Unies pour discuter du cas d’Haïti. La question se pose : faut-il envoyer des forces multinationales pour résoudre immédiatement le problème de l’insécurité qui a déjà coûté de nombreuses vies ces dernières années ? Il est important de noter que malgré la douleur des déplacés et des victimes des groupes armés, l’État ne prononce aucun mot et ne montre pas de volonté réelle de mettre fin à cette calamité.

Dans ce contexte, tous les regards se tournent vers la communauté internationale comme dernier recours, même si l’idée d’une intervention armée ne fait pas l’unanimité. Les interventions étrangères en Haïti ne sont pas nouvelles, de la force expéditionnaire napoléonienne à la Minustah. L’objectif est toujours de maintenir le pays dans une dépendance envers le système capitaliste mondialisé. Cependant, ce système se heurte à la résistance des masses populaires, tant urbaines que rurales, de la population haïtienne. Ce groupe social a constamment contré les élites locales qui, incapables de remplir leurs rôles hégémoniques, font appel à la communauté internationale pour rétablir l’autorité de l’État dans le processus d’accumulation du capital.

En analysant la situation actuelle, l’insécurité semble être devenue une arme politique entre les mains des élites haïtiennes, qui ont détourné les fonds Petro Caribe destinés principalement à des projets sociaux. Le peuple haïtien, frustré par le détournement de ces fonds par un régime illégitime, a exprimé sa colère à travers un ensemble de manifestations anti-système et anti-PHTK. En réponse à ces revendications populaires, le régime a utilisé les enlèvements et les conflits armés comme moyen de répression. Une fois que ces méthodes répressives ont échoué et que les effets de la violence sont devenus inutiles, ils ont fait appel à la communauté internationale pour résoudre un problème qu’ils ont eux-mêmes créé et exploité à leur avantage.

Cela s’inscrit également dans la stratégie géopolitique des États-Unis, qui cherchent à contrer l’ascension du groupe sino-russe. Leur implication directe dans la guerre en Ukraine les a empêchés d’intervenir directement, c’est pourquoi après de nombreux refus de la part des pays occidentaux, le Kenya s’est porté volontaire pour devenir l’instrument de l’impérialisme américain, qui souhaite organiser des élections au plus vite. Voilà la réalité à laquelle les Haïtiens sont confrontés, sous les balles assassines.

Cette obsession découle du désir de l’Occident de continuer à imposer un modèle de société à son avantage, un modèle caractérisé par la violence et l’injustice. Il s’agit d’un projet destructeur de la vie au nom du capital. L’année prochaine marquera le 220e anniversaire de l’indépendance d’Haïti. Cette journée nationale sera-t-elle célébrée sous l’ombre de l’ingérence étrangère ? Le scénario de 2004 se reproduira-t-il ? Il n’y a qu’à attendre pour le savoir.

Richecarde CÉLESTIN

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