« Zam mwen sonnen l gon bel melodi, lèl nan menm mpratike teyori. Advèsè ap tonbe pa pil, voye zòn nan wouj wouj nap mache sou kadav nèg yo ouuuu ouuu »
C’est le refrain d’un tube tiré d’un nouveau genre qui fait son apparition depuis quelque temps dans la musique haïtienne. Ce mouvement connaît de nombreux artistes emblématiques tels que J.J.4.45 et son ami Bourik de Latalay, New Wave, Jamal Joker pour ne citer que ceux-là, ce tube cartonne sur les réseaux sociaux et soulève un débat dans la société cependant ce n’est pas la première fois que ce mouvement fait parler de lui.
D’abord, lors d’un tournage d’un vidéoclip a Ravin Pentad, la police a ouvert le feu sur des jeunes qui participaient sous prétexte qu’ils détenaient des armes de guerre illégales, plus de 15 personnes ont perdu leur vie sans compter des blessés. C’est une page triste dans l’histoire de la musique haïtienne, mais qui n’a pas fait trop de vagues à cause de la violence des textes musicaux de ce genres.
On parle de la violence justement c’est dans un tel contexte a Chicago que le mouvement Drill a pris naissance dans les années allant de 2010 à nos jours. Chicago connaissait un niveau de violence infernale où selon certains observateurs plus de personnes ont perdu la vie au cours des affrontements entre les gangs armés que de soldats américains déployés en Irak. D’ailleurs, le nom Chicago est changé Chirak pour montrer la dimension de la violence.
D’un autre côté, l’industrie de la musique à eu une évolution extraordinaire, les plateformes en streaming remplacent progressivement les CD. Se trouvant à la portée d’une nouvelle génération de consommateurs de musique, ces plateformes sont comme des canaux liant ce public au groupes armés belligérants qui transforment leur quotidien de violence avec fierté ou tristesse tout dépend du groupe victorieux ou victime.
L’homme a toujours été fasciné par la violence et certains portent un culte aux anciens grands gangsters. Le cinéma américain qui est le bras armé de la domination culturelle des États Unis en séduit plus d’un sur plusieurs territoires différents. La musique fait corps avec le secteur criminel, le décor est donc planté.
L’industrie militaro-industriel tourne à plein régime et réclame de plus en plus de marché, du marché américain, elle s’élargit sur les autres territoires du continent. L’accès aux armes illégales renforcent les contradictions qui se résolvent dorénavant avec les armes, c’est le propre des quartiers populaires, où les gens s’arment pour soit défendre ou accaparer d’autres territoires pour étendre leurs influences.
Les régimes incapables de répondre aux questions sociales assurent leur gestion avec cette réalité, ils en profitent pour l’alimenter toutefois le cas haïtien est emblématique. Etant donné que la musique est une exercice ou l’on chante ce qu’on ressent ou vit, la violence est un sujet clé. Les tenants du drill gangster ou pas en parlent.
Dans le cas haïtien, la violence devient un quotidien malsain, lorsqu’il ne s’agit pas d’enlèvement, c’est la guerre des gangs. Les armes font leur rentrée sur le territoire comme instrument de cette violence, les affrontements entre quartiers ont causé la mort et le déplacement forcé de beaucoup de personnes. Tout porte à croire que c’est une violence d’État.
Les jeunes issus de ces quartiers prennent leur micro et s’impliquent dans une exercice de narration de ces faits. C’est une question d’armes, de dépeçage, de décapitation, de sorcellerie ce qui est le propre de ces quartiers. Assez souvent, quand une violence ne touche pas une classe, elle ne s’y trouve pas concernée, c’est un refus de voir la réalité et de la changer. La musique drill est un très bon vecteur pour forcer les gens à prendre conscience du niveau de violence dans cette société et le rôle de la police qui prend position.
Comment chanter l’amour quand on connaît que la haine, la paix quand la guerre est le quotidien?
Si la musique est le partage des émotions, alors il fait prendre conscience de celle véhiculée dans les textes musicaux du drill.
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