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La controverse autour de l’homophobie en Haïti : Entre tolérance envers les lesbiennes et désapprobation des gays| Opinion

Il faut admettre qu’un certain pas a été franchi dans les débats sur la société haïtienne, le discours sur la liberté sexuelle et les rapports entre les personnes de même sexe sont de plus en plus audible. Non seulement la question sexuelle se brise de jour en jour, mais les rapports entre les personnes sortent du cadre traditionnel. 

Les couples gays et lesbiens s’affirment de jour en jour et les organisations de la société civile font de ces orientations une lutte pour l’affirmation de la liberté individuelle. Les personnalités publiques font leur coming-out (par exemple l’artiste haïtienne Kanis) et d’autres qui n’ont pas une notoriété dans la société se rendent cohérents par rapport à leur sentiments pour la personne du même sexe. Cependant ce discours se heurte contre un mur de pensée traditionnelle qui qualifie ces rapports d’abomination, de péché envers Dieu et la nature, la reproduction concerne deux personnes de sexe opposées.

L’idéal de l’humanité depuis pas mal de temps se base sur le bien-être matériel et émotionnel, c’est pour cela qu’on constate l’affirmation de jour en jour des couples de même sexe. Avec ces nouveaux rapports le code de la famille dans certains pays a eu une marge de progression. Étant donné que ces derniers changent le sens traditionnel de la famille, le droit emboîte le pas pour protéger les biens réalisés dans ces foyers et élargir la question de l’adoption. 

Ce fut le cas pour Cuba en 2022, qui a encore montré sa cohérence quant à ce qu’est réellement l’homme et son idéal de bien être. Cette communauté est tellement forte qu’elle s’organise afin que sa voix puisse être audible sur tous les secteurs. Le secteur politique, économique, culturel et surtout à travers les films/séries télévisées ou en streaming. Leur militance se renforce de jour en jour et oblige le débat.

Qu’en est il de cette question en Haïti?

Les personnes qui ne voient pas de bon œil ces nouveaux rapports entre être humains se tapissent dans l’ombre du traditionalisme et de la chrétienté. Selon elles, la culture africaine, la bible et la nature interdit ces modes de rapports. Il faut toutefois signaler que cette culture africaine n’était jamais appréciée. Elle était même combattue, le paradoxe est que cette culture a été appropriée pour couper la route à une catégorie de personnes que cette dite culture tolère par-dessus tout au nom du principe de l’inclusion, c’est une première incohérence. 

La deuxième c’est l’argument de la chrétienté, Dieu a tout créé et a rendu parfaite toute chose. La nature est sans défaut, c’est le diable qui a influencé de par sa méchanceté et sa jalousie les hommes, de l’avis de plus d’un et selon la bible l’homosexualité fait partie de cette corruption. Le discours chrétien est implémenté de manière si profonde dans les structures sociales haïtiennes que des gens se sentent exclus, refoulés avec des émotions incompréhensifs pour qu’ils n’ont pas à avoir une explication rationnelle. 

Nés ainsi, c’est l’œuvre du diable. De là, une campagne est lancée pour extirper cette tare chez eux, quitte à les transformer en agents de reproduction de cette violence discursive. La négation par les chrétiens, protestants surtout de l’aspect scientifique sur des domaines est un autre niveau d’incohérence.

Un troisième niveau sinon la pire affirme que les femmes homosexuelles sont préférables aux hommes, le corps de la femme fait objet d’une sexualisation qui a traversé les siècles. Soit cette sexualisation est une gage d’intégration et de reconnaissance dans certains milieux, soit elle est comme une arme de guerre avec les viols collectifs, soit pour l’amusement patriarcal. 

Dans ce cas, interdiction pour les hommes de se mettre en couple avec un autre homme au nom de la virilité, de la masculinité, du sexe supérieur. Les hommes sont obligés d’avoir un discours, doublé d’un physique et d’une attitude violente pour affirmer leur supériorité par crainte d’être faible ou gays (masisi), ils cachent bien leur autre soi avec cette couverture ce discours est répandu dans les débats sur les réseaux sociaux.

Cependant, ne pas tolérer l’homosexualité ne veut pas dire être homophobe pour autant.

Il faut toutefois être conscient d’une chose, l’idée n’est pas d’imposer une sexualité comme modèle pour les autres, mais plutôt vivre en harmonie entre membres d’une même société. Il ne faut pas juger une personne de par son orientation sexuelle personnelle mais par ses capacités et son implication dans la société dans laquelle elle évolue.

Le discours homophobe et hypocrite ambiant nous empêche d’apprécier les qualités professionnelles des personnes qui ne demandent qu’à se mettre au service de la communauté et pour qu’une société soit juste, l’intérêt de tous doit être pris en compte.

Célestin Richecarde | Opinion

Richecarde Célestin

Richecarde Célestin, né le 5 juillet 1992 à Port-au-Prince, Haïti, est un juriste et rédacteur, mettant son expertise au service de sa communauté.

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