Chaque société traversant une période de crise connaît son lot de décadence, comme si la crise elle-même était génératrice de bassesses et de réalités obscènes. Les élites, constatant cette dérive, s’efforcent souvent de ralentir la dégradation en mettant en place des balises pour en limiter les effets. Elles utilisent les grands médias pour lancer des cris d’alarme et soutiennent des initiatives visant à remettre la société sur une voie plus positive, en particulier pour influencer les jeunes générations, souvent les plus exposées à ces dérives.
En observant Haïti, on peut se poser deux hypothèses : soit les élites sont absentes, soit elles se montrent indifférentes, pourvu que leurs propres enfants soient protégés. Le coronavirus n’est pas seulement une maladie ; il a agi comme une pierre jetée dans une mare tranquille, remettant en question la politique, l’économie, les institutions et les questions existentielles. Toutefois, cette crise a aussi permis aux réseaux sociaux de se renforcer, facilitant les rencontres virtuelles mais entraînant également une hausse des contenus pornographiques en ligne.
La pornographie, toujours disponible mais autrefois moins accessible, est désormais omniprésente grâce aux téléphones intelligents et aux plateformes en ligne. Cette surconsommation modifie la conscience des jeunes, sexualisant le corps humain et les incitant à reproduire ces comportements. En Haïti, la situation est similaire. Les photos et vidéos de nudité sont parfois envoyées à des partenaires peu fiables, menant au phénomène du « revenge porn » ou pornodiffusion.
Dans ces cas, des contenus sexuels sont publiés en ligne sans le consentement des personnes concernées, principalement des femmes. Ce chantage peut entraîner des demandes de sexe ou de transfert d’argent, avec des conséquences graves pour l’image et la vie des victimes, qu’elles soient artistes, personnalités publiques, fonctionnaires ou citoyens ordinaires.
Il est crucial, lorsque le pays sera en période de normalisation politico-institutionnelle, que l’État haïtien adopte une législation stricte contre ces pratiques. Cela permettrait non seulement de réduire ce phénomène mais aussi d’éviter la stigmatisation d’une génération en quête de repères. Il est essentiel de protéger la partie encore saine de cette génération et de renforcer les protections légales pour prévenir les abus liés à la pornodiffusion.
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