Il est prévu que dès la fin du mois de mai, les Haïtiens pourraient assister à l’arrivée des premiers contingents de la force multinationale tant attendue. Les équipements destinés à aider à réduire l’insécurité et à lutter contre les groupes armés arrivent progressivement. Il est même question de démarches entreprises pour la construction d’installations et de logements pour le personnel.
Bien que cette nouvelle soit perçue comme une atteinte à la souveraineté nationale, elle est accueillie avec optimisme par la population haïtienne, surtout à Port-au-Prince, fatiguée de l’insécurité. Cependant, même si la majorité convient de l’incapacité des forces publiques du pays à faire face aux groupes armés, il est important de réfléchir à l’histoire des interventions étrangères et à la nature même de la force à venir.
Des questions légitimes doivent être posées. Quels sont les intérêts des acteurs politiques en place, notamment ceux de la communauté internationale, dans le déploiement d’une force étrangère en Haïti ? Est-ce vraiment pour réduire l’insécurité, neutraliser les éléments incontrôlables et relancer un système déjà critiqué ? Quelle est la nature de cette force ? S’agit-il d’une force d’interposition ou d’intervention ? Pourquoi ne pas aborder la mémoire des interventions des soldats de la MINUSTAH et les victimes du choléra en Haïti ?
Il ne faut pas se contenter d’assurer une fausse sérénité en Haïti en vue des prochaines élections, sans mettre en place de véritables changements. Il est nécessaire de poser les bonnes questions et d’agir pour que les générations futures ne vivent pas cette incertitude actuelle dans le pays. Agissons pour que cela soit réellement la dernière fois.
Mag.2 News