Ces derniers jours, divers débats ont alimenté la toile sur les réseaux sociaux sur le féminisme en Haïti. C’etait une question d’émancipation, de libération des femmes du patriarcat, d’affirmation sexuelle de la femme qui énervent plus d’un qui se sont dit victimes. Enfin, le combat pour le bien être en Haïti de femmes tout au long de l’histoire. Il faut noter que lorsqu’il y a inégalité et violence sur un territoire, les femmes sont plusieurs fois victimes. Elles sont victimes de leur genre et de leur sexe, elles sont victimes également de leur position de classe. Combien de madan Sara ont perdu des marchandises lors des incendies des marchés publics? Combien de féminicides signalés? Combien de violence conjugales? On ne peut énumérer tous les actes de violences subies par les femmes.
Toutefois, une nouvelle fait son apparition: Les viols collectifs des femmes d’une communauté par les groupes armés d’un autre. Elles sont considérées comme des prises de guerre.
Le combat pour le bien être des femmes font mauvaise presse du côté des membres du statu qui en Haïti et des institutions conservatrices comme l’église et la famille. D’où la gravité de l’oppression qu’elles subissent. Le combat pour le bien être des femmes en Haïti est permanent et a connu deux grands moments historiques. La première est le combat contre le colonialisme et l’esclavage, l’autre contre l’occupation américaine du pays, notamment avec les grandes figures comme Madeleine Sylvain Bouchereau. L’héritage que nous ont légué les femmes de ces deux périodes est grand et reste à exploiter.
Les femmes et leur combat contre le colonialisme
Il faut se souvenir que le code noir aux temps de la colonie française de saint Domingue à transformer les noirs d’Afrique de tout genre et de tout âge en bien meuble à la libre disposition des maitres. Ceux-ci pourraient subir toutes sortes de sévices, corporels et psychologiques. Les femmes étaient tout le temps en insécurité. Elles étaient objet de viols. A une époque, lorsque l’Angleterre bloquait les mers pour empêcher le ravitaillement en main d’œuvre esclave aux français, les femmes esclaves avaient une fonction de reproductrice de main d’œuvre pour la plantation coloniale. Elles pouvaient être mises enceinte plusieurs fois. Face à cette insécurité, un féminisme décolonial se produisait. Les femmes resistèrent par le marronage, l’infanticide et l’empoisonnement. Elles participaient à tous les niveaux aux côtés des hommes qui luttaient pour la liberté. Elles ont également payé de leur sang l’indépendance fièrement acquise. C’en est un premier héritage.
Les femmes contre l’occupation américaine d’Haïti
Les habitudes héritées de l’esclavage ont la vie dure. L’oppression continue au-delà de l’indépendance. Aussi longtemps que les femmes sont victimes aussi longtemps que la lutte s’intensifie. Celle-ci a connu son paroxysme lors de l’occupation américaine du pays. La lutte des femmes fut scindée en deux. La résistance armée avec les femmes paysans et la résistance culturelle avec les femmes bourgeoises qui s’insurgent contre le racisme des occupants et les réalités socio-économiques et politiques que ce fait historique apporteront. Lorsque la lutte armée fut réprimée, la lutte intellectuelle avec les femmes de la Ligue Féminine d’Action Sociale reprenait le flambeau. Ces luttes revendicatives mirent fin à l’occupation américaine.
Aujourd’hui la situation est de plus en plus chaotique. Le néolibéralisme a transformé le territoire haïtien en espace économique bien précis sur le modèle de la sous traitance. Les haïtiens sont des migrants ou des ouvriers. La classe moyenne est de plus en plus capitalisée. Les conservations dans les institutions idéologiques et politiques s’endurcissent. Mais grâce aux réseaux sociaux la lutte a pris une autre extension. La parole est de plus en plus libérée, la lutte pour l’émancipation plus concrète. Mais pour combattre un système il lui faut d’abord une contre pensée.
L’histoire de la lutte des femmes en Haïti nous en a fourni deux grandes sources. Pour éviter toute cacophonie et de détournement, il faut de plus en plus fouiller dans notre histoire pour trouver les éléments qui nous permettront à mieux résister et préparer la lutte. Ainsi on évitera tout manège de détournement du système qui ne manquera pas de réagir pour garder son hégémonie injuste.
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