Le vendredi 12 avril 2024, Le Moniteur a publié le décret portant sur la création du Conseil présidentiel de la Transition. Selon les dispositions du décret, le Conseil présidentiel aura une durée de 1 an pour mettre en place les élections, en se concentrant principalement sur la réduction de l’insécurité et la neutralisation des groupes armés qui contrôlent violemment la capitale et certaines grandes villes de province. Le Conseil disposera de la Force d’intervention étrangère multinationale pour agir concrètement en fonction de son mandat.
Il est important de noter que l’espace politique haïtien est dominé par le provisoire. La violence politique et la méfiance entre les acteurs principaux ainsi qu’envers les masses politiques les poussent à maintenir un état de violence pour rendre ingouvernable l’État et ses institutions. Il est également évident qu’il n’y a jamais eu de projet social répondant aux revendications des citoyens haïtiens vivant en Haïti et dans la diaspora.
Toutefois il est remarquable que ces acteurs ont fait preuve d’inventivité en mettant en place une structure qui, dès sa création, porte en elle les germes de contradictions. Certes, il y aura des élections. C’est dans cette optique que le Conseil est mis en place. Non pas pour tendre vers une semblance de stabilité, mais pour contrôler les avenues du pouvoir. Les figures les plus importantes du jeu politique en Haïti envoient des émissaires au Conseil pour améliorer leur positionnement et pour se rapprocher des décideurs américains, qui confirmeront ou infirmeront, selon leurs intérêts, la personnalité qui deviendra le prochain président en Haïti.
L’espace politique haïtien a été, est, et sera toujours un espace de violence. Il est nécessaire de retourner dans l’histoire du pays pour constater l’autoritarisme, le totalitarisme contre la population, et la dépendance aux divers impérialismes qui ont eu pignon sur rue à Port-au-Prince. À partir de 2010, le pays a pris un autre tournant qui l’a enfoncé dans ce cycle de violence et de dépendance politique. L’espace politique en Haïti est un espace de corruption, de massacres, de crimes et d’accords de toutes sortes visant à conserver le statu quo, car celui-ci enrichit un groupe de personnes. Il n’y a donc aucun intérêt à résoudre la crise, car la crise elle-même est une méthode ou une arme politique.
Juridiquement, le Conseil présidentiel représente une évolution. L’accord politique acquiert force de loi et s’érige même en constitution pour trouver une issue. Mais politiquement, quelle issue ? Dans l’avantage de qui ? Au détriment de qui? Restant plus qu’à attendre tout en cherchant une occasion de sortir définitivement de cet espace.
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