Les cimetières en Haïti sont en effervescence en ce jour du 1 er novembre et cela continuera jusqu’au 2 novembre. En quoi consiste ce bouillonnement?!
Les gens nettoient les tombes de leurs ancêtres, ils y déposent des offrandes, certains jettent du café et le plus remarquable, ils leur parlent. D’un autre côté le culte prend une autre dimension, les vodouisant dont les esprits ancestraux ont l’habitude de chevaucher, dansent devant le baron du cimetière. Selon les dires, le baron est le premier à être enterré dans le cimetière et également c’est l’esprit des cimetières. C’est lui qui garde l’entrée et assure la sécurité des personnes décédées qui y reposent.
Des mots ronflants se disent, des injures profusent d’ici et là bas c’est le propre des cultes des morts et des esprits des morts. Considéré comme barbare par les autres religions chrétiennes de la place, ces deux jours entrent dans l’imaginaire des chrétiens comme le jour du diable. Mais le paradoxe est aussi frappant, à L’église catholique, la même pratique se produit par les messes pour les morts, pour que ces derniers puissent trouver le chemin du repos éternel dans la grâce de leur créateur.
Pour comprendre la question des Guédés en Haïti, il faut retourner à l’histoire de la traite négrière. Non seulement les captifs déportés traversent l’océan avec les esprits de leur communauté mais également il y eut des pertes et des séparations douloureuses. Notamment au cours de la traversée dans les plaines et les savanes, et également dans les traversées des négriers qui assurent l’acheminement de ces personnels dites mains-d’œuvre sur les marchés d’esclaves sur tout le continent américain.
Pour maintenir le contact avec ces personnes décédées un culte et un travail de mémoire s’effectue de génération en génération. Le sociologue Haïtien Laënnec Hurbon affirme que le culte des morts contient une base mémorielle forte concernant la mémoire de l’esclavage sur ce territoire et sur d’autres encore une base que l’on pourrait exploiter à travers des recherches scientifiques.
Mais comme étant donnée que ce culte est barbarisé par les classes dominantes, rien n’y est et ne sera peut être fait formellement. Mais la masse populaire s’y accapare et le pratique d’année en année et de générations en générations.
Le culte des morts est un culte contre l’oubli, c’est une façon d’honorer les ancêtres qui nous accompagnent dans notre vie à chacun. Du café, une bouteille de rhum, du pain et des bougies sont parmi les artefacts qui nous mettent en communication directe avec eux et les convulsions observées montrent que l’esprit des morts eux-mêmes sont présent parmi nous.
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