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Les États-Unis d’Amérique et les Haïtiens : Entre le rêve d’immigrer et la mémoire de l’Occupation américaine de 1915

En ce moment, tous les regards des Haïtiens sont tournés vers les États-Unis. Le programme Humanitarian Parole a tellement stimulé la société haïtienne que les personnes restées dans le pays voient leur vie perturbée par cette opportunité, affirment-elles. Il suffit qu’un sponsor remplisse un formulaire, une adresse e-mail valide et un peu de patience, et la terre de la liberté et la patrie des braves serait à leur portée. On ne peut pas compter combien de personnes ont quitté le pays par le biais de ce processus, ni combien espèrent encore plus de 180 jours plus tard. Nous sommes maintenant au 7e mois de l’année 2023, il n’est pas surprenant que des vies se soient arrêtées depuis janvier.

Il fut un temps où parler des États-Unis en Haïti était synonyme d’aversion et de dégoût, car ils étaient profondément impliqués dans l’insécurité et l’instabilité politique en soutenant un régime qui ne pouvait répondre aux revendications fondamentales des Haïtiens. Dès la mise en place de ce programme, l’opinion publique a pris un tout autre tournant. Certes, les critiques persistent, mais en même temps, on se prépare à un départ imminent, car c’est une occasion de sauver sa vie, même si cela signifie aller dans un pays qui maintient le statu quo en Haiti a son avantage depuis 1915.

Il existe un lien entre les idéaux de la révolution américaine et l’indépendance du pays le 4 juillet, jour que les Américains célèbrent chaque année, et l’objectif même de l’occupation américaine de la région, plus précisément d’Haïti, en juillet 1915, le 28.

Les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique souhaitaient un pays où la liberté et les droits fondamentaux serviraient de boussole à toutes les structures mises en place pour assurer la pérennité de la nation américaine. Il devait y avoir un gouvernement à la hauteur des attentes du peuple américain, un gouvernement démocratique. Il était même du devoir des Américains de renverser tout gouvernement basé sur la violence et l’autoritarisme. Cependant, il est indéniable qu’à partir de ce jour-là, les femmes, les immigrants et les esclaves ne faisaient pas partie de l’idéal américain. Ces groupes ont dû se battre pour arracher leur liberté des mains d’un gouvernement d’un pays qui se prétend champion des droits de l’homme.

À partir de 1898, cette domination qui profitait aux classes dominantes américaines a dépassé les frontières physiques. Les États-Unis, forts de leurs progrès industriels, ont profité de la crise en Europe pour étendre leur domination sur le continent américain. Les produits industriels et le capital financier avaient besoin de marchés. L’ère de l’impérialisme américain a commencé et perdure jusqu’à nos jours.

Quel est le sens de la mémoire de l’occupation américaine à une époque où les États-Unis sont devenus la terre d’accueil des Haïtiens ? Ou du moins, comment parler des Américains aujourd’hui ? Comment aborder les Cacos, les travaux forcés et l’expropriation violente des paysans haïtiens sous le regard complice de l’État haïtien au profit des entreprises multinationales de l’époque ? Comment parler de la lutte contre le communisme après l’occupation en Haïti et de ses nombreuses victimes pour endiguer la prétendue menace cubaine ? Faut-il se taire pour garantir l’entrée au paradis américain ? Ce sont des questions qui se posent 108 ans plus tard.

Les Blancs dirigent tout en Haïti, ils sont à la fois les bourreaux et les sauveurs. L’intervention militaire internationale se fait attendre, tout comme le courriel confirmant la demande de quitter l’enfer qu’est Haïti.

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