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Les Racines Historiques de l’Etat Duvaliérien : La persistance des problèmes structurels d’un État|Opinion

À l’observation des problèmes que le pays traverse depuis plus de 30 ans, les réflexions émises limitent ordinairement ces problèmes à partir de 1957 ou du moins 1963, date au cours de laquelle François Duvalier s’est autoproclamé président à vie. Cependant, l’histoire du pays ne débute pas en 1957, comme l’affirme Michel Rolph Trouillot dans son Racine Historique de l’Etat Duvalierien, la gouvernance qu’il y a en Haïti et qui ne peut donner des résultats est liée même à la nature de l’Etat.

Le Duvaliérisme s’est greffé sur les problèmes structurels qui existaient déjà dans le pays et il n’a fait que les aggraver. Ce qui, encore une fois, nous retarde dans l’élaboration d’un projet de société inclusive visant au développement et à la réduction des inégalités que le pays connaît depuis ses débuts.

Lorsqu’on parle des racines historiques de l’Etat Duvalierien, on fait allusion à une société post esclavagiste qui reprend les mêmes modèles d’exploitation coloniale. Ce qui débouche sur une formation sociale ou les membres de la société haïtienne entrent dans une lutte violente pour contrôler l’État et imposer leur idée concernant la direction que le pays doit prendre. La paysannerie se mobilise pour une société basée sur une économie inclusive, qui suit les directives qui ont justifié leur participation aux côtés des affranchis noirs et clairs dans la lutte pour l’indépendance. 

Le projet se basait sur la propriété collective des moyens de production, une accumulation d’un capital national visant à être réinjecter dans les structures sociales et économiques visant à rendre effectif la justice sociale. La paysannerie haïtienne visait la liberté avec la propriété privée, l’indépendance face à la communauté internationale, et un modèle économique endogène visant à leur faire le premier bénéficiaire de la culture nationale.

Cependant c’est tout le contraire pour les élites noires et claires, haïtiennes dont leurs idéaux se greffent sur ceux de la communauté internationale, surtout la France avec qui ils veulent établir des rapports politiques et économiques. De ce fait, elles ont foulé aux pieds les revendications de la paysannerie en instituant un État néo colonial dépendante du capital international et de la reconnaissance des autres Etats dans une période où le racisme et le Darwinisme social et l’impérialisme étaient les moteurs des rapports entre les puissances colonisatrices et les autres territoires.

De là, c’est une lutte pour le contrôle de l’Etat et le pouvoir exécutif était autoritaire. Cet autoritarisme avait l’objectif de plier toutes les structures du pays. L’instabilité politique entre les élites elles-mêmes et leur front commun contre les mouvements paysans nous donnaient un 19eme siècle en totale ébullition.

Il ne faut pas oublier que le capital étranger représenté par les puissances occidentales impérialistes tiraient leur épingle du jeu. Les ingérences allemandes, anglaises et américaines se réalisaient à tour de rôle. Tous ces acteurs jouaient pour maintenir la paysannerie dans l’exclusion et l’exploitation économique surtout avec le système d’impôt mise en place par l’Etat haitien. Les américains ont gagné cette bataille inter impérialiste et L’occupation américaine a restructuré le pays, l’a réorienté sur les exigences de son économie et sa politique expansionniste, Désormais tout passait par lui.

La solution totalitarisme du Duvaliérisme se basait sur toute cette complexité nationale et internationale. De 1957 jusqu’à 1986, rien n’était négligé par le régime. Tout était contrôlé par les tenants de la violence et de la banalisation du mal. La menace communisme pour les américains leur a incité à aggraver ces structures pour contrôler les dissidents politiques et pour ouvrir le territoire haïtiens pour les investisseurs américains. C’est la raison pour laquelle ils ont appuyé jusqu’au bout ce régime.

Les racines historiques de l’Etat Duvalierien se basant sur la non résolution du problème de la classe paysanne. L’utilisation de l’Etat pour maintenir un modèle économique extractif et dépendant de l’aide internationale. C’est une lutte de l’Etat contre la nation haïtienne et c’est le culte d’une violence permanente qui existe jusqu’à aujourd’hui.

Le Duvalierisme n’est pas parti. Il doit avoir une deduvalierisation de l’Etat. Cela doit se faire avec la tête reposée et un débat en profondeur sur les structures qui empêche la justice sociale selon Trouillot. Plus de 30 ans plus tard, la violence et l’exclusion ont pris des proportions inimaginables. Haïti devient de plus en plus un réservoir à main d’œuvre abondant pour les multinationales de la région. Il n’y a pas une volonté réelle de la part des élites de résoudre les problèmes liés à la nature même de l’Etat. Cela leur convient puisque leur domination est assurée. Si les forces répressives sont dépassées, il feront appel à la communauté internationale, les maîtres pour rebalancer le système d’exploitation violent que voici.

Le pays depuis sa naissance a connu que des dictateurs. Le totalitarisme duvalierien les a dépassés. Le capitalisme dans les sociétés à économie périphériques nécessite beaucoup de violence pour son maintien dans l’intérêt de l’économie du centre. Si les problèmes ne sont pas compris et résolus à la base, un autre Duvalier surgira.

Célestin Richecarde | Opinion

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