L’assassinat d’un chef d’État n’est jamais une chose simple vue la dimension et les responsabilités qui vont de pair avec le poste. Le renversement de façon pacifique ou violente est toujours minutieusement préparé, c’est un complot d’une grande envergure, la mort du président Jovenel Moïse est un cas typique.
Aujourd’hui, un mausolée porte son nom et un exercice de réhabilitation est en place. Jovenel Moïse prend la dimension des héros de l’indépendance et c’est extraordinaire de constater comment le système qui a contribué à son accession et à sa chute le transforme en martyr pour la cause de la justice sociale en Haïti.
La fabrication de l’histoire est une arme redoutable, le système avec ses appareils idéologiques répressifs et son lien avec le capital international qui est loin de paraître insensible au corps meurtri du président. Le fait est que pour qu’il y ait un vrai travail de mémoire, il faut que la critique s’impose comme méthode de compréhension pour éviter de tomber au fanatisme qui est l’une des pratiques des acteurs politiques sur le terrain.
Étant qu’entrepreneur et ancien président de la chambre du commerce et des industries du Nord d’Ouest, il était connu dans le secteur des affaires pour ceux et celles qui appuient la thèse qu’il était inconnu du public. Le capital étranger ayant lien dans un territoire comme Haïti a la capacité de construire une personnalité qui servira ses intérêts.
Les régions du pays sont les relais de la capitale pour les produits importés et la zone franche qui est un modèle économique anti développement. Fort de ce leadership au niveau régional, les fabricants de chefs d’État iront le chercher pour le doubler au niveau des choix politiques qu’il aura à faire.
Le chef d’État dans un territoire à économie périphérique où c’est le chef qui détient le pouvoir réel, d’où la convoitise et la complexité du poste. De là, ils investissent politiquement dans le candidat qu’il fut. Le cyclone Matthew étant une catastrophe et drame humain lui offre la présidence aux dépends des autres candidats qui n’ont pas le même profil que lui.
Lorsqu’il est investi du pouvoir présidentiel, Jovenel Moïse entre dans un cycle de remise de dette. Toutes les institutions et espaces chargés de rentrer de l’argent pour l’État sont occupés par les investisseurs en quête de zones franches et de pouvoir politique. Il n’avait pas selon les dires des observateurs de décider qui sera dans son cabinet ministériel, même sa sécurité ne dépendait pas de lui. Il était donc très fragile dès son accession au pouvoir.
Dans une logique néo-libérale, l’Etat est mis à l’écart de ses responsabilités premières, le changement de la constitution, un nouveau code pénal entrent dans la logique de réappropriation des ressources du pays pour les classes dominantes et les groupes financiers de la communauté internationale. Ces pratiques coupent le peuple de leur chef d’État et plongent le pays dans l’instabilité et les séries de mouvements populaires de 2018 jusqu’à son assassinat.
Que faut-il en tirer?
C’est jusqu’à la fin que Jovenel eut compris cela, Il voulait assurer sa retraite dans le pays. Il a donc changé de stratégie contre les gens qui l’ont mis et conforté au pouvoir ce qui fut la cause de son assassinat, c’est le prix a payer à vouloir faire les choses biens.
L’avantage qu’amène sa mort met la lumière sur l’oligarchie et la communauté internationale guidées par les États Unis. Ce qui envenime la crise actuelle qu’Ariel Henry indexé dans sa mort ne peut résoudre. Le travail de réhabilitation qui se fait actuellement est une stratégie du régime pour chercher une légitimité électorale pour conserver le pouvoir.
La multiplication des contacts avec les acteurs politiques du terrain, le renouvellement du mandat de BINUH entrent dans cette logique. Sans oublier l’insécurité d’État pour empêcher tout mouvement populaire, l’exclusion se manifeste.
En attendant le dénouement, ses partisans lui font un culte à la hauteur des héros de l’indépendance.
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