Au cours de l’année 2022, un livre a été publié, son titre est Critique de la Raison Dominicaine, son auteur, un haïtien du nom de Glodel Mezilas expliqué de façon claire dans plus de 200 pages, la raison qui justifie une telle violence envers la population migrante du peuple haïtien en République Dominicaine et la réaction des dirigeants haïtiens du régime actuel. La Critique de la Raison Dominicaine de Glodel Mezilas est un livre dont l’idée tourne autour de la Dominicanité.
Cette dernière est une construction idéologique de l’anti haitianisme dominicain entamé à partir de 1937 sous la Dictature de Trujillo commanditée par celle-ci et que plusieurs intellectuels comme Balaguer ont par leur écrits alimenté cette posture nationaliste. Ces idées ont été véhiculées dans la société dominicaine de par son système éducatif et a touché presque toute la population de ce pays.
La dominicanité est d’abord la construction d’un discours historique commençant par l’arrivée de Christophe Colomb sur l’île en 1492. Il faut toutefois noter que l’esclavage a créé une élite dominicaine dont l’hispanité est leur altérité. Une altérité qui se tient en face de l’africanité qui est l’axe culturel principal des haïtiens. Ceci dit de part leur héritage africain et également la signification de la Révolution de 1804 face à la modernité occidentale de l’époque qui alimentait l’hégémonie raciale.
Alors toute tentative d’unification de l’île qui était la politique étrangère des chefs d’Etat haïtien de 1804 à 1860 fut considérée par l’élite dominicaine comme une invasion. Leur date de l’indépendance en 1844 est choisie en fonction de leur séparation de la République d’Haïti d’alors en proie d’une crise. Ce discours historique est doublé par une posture culturelle hégémonique qui reproduit celle que l’Occident faisait la promotion. A partir de 1937, il y eut une rupture violente avec le massacre des haïtiens en République Dominicaine pour consacrer définitivement le tracé de la frontière et l’identité culturelle de la République Dominicaine par les élites. L’épine dorsale des difficultés rencontrées par ces deux États est la question migratoire.
A cause de l’insécurité qui règne en Haïti de par la violence instituée par les élites qui obéissent aux injonctions de la communauté internationale poussent les haïtiens à chercher les cieux plus cléments. A défaut de partir pour les pays du centre, les haïtiens se rabattent sur la République Dominicaine qui est un pays de la périphérie capitaliste. Ceci explique les investissements massifs faits chez eux et la demande de la main d’œuvre abondante que sont les haïtiens, ils travaillent dans presque tous les secteurs.
Cette fuite massive est organisée directement par l’Etat en envoyant sur la base d’un contrat avec la République Dominicaine des travailleurs pour le secteur sucrier et indirectement en rendant le territoire répulsif pour les haïtiens du pays. Le désespoir et la violence de toute sorte les pousse à partir une fois sur place la réalité est tout autre. Ils sont abandonnés par Haïti et refusés par la République Dominicaine et ceci même dans leur descendance qui selon le droit dominicain est apte pour avoir la nationalité de ce pays.
En 2022 alors que l’idéal du monde est la question de l’humanité on assiste à une cascade de violence envers les haïtiens vivant en République Dominicaine. Ils sont battus, humiliés, emprisonnés par un État qui a signé et ratifié le droit international en matière du respect des droits de l’homme. Une scène poignante est une dame qui a accouché dans la cour même de l’hôpital qui lui a refusé de lui prodiguer du soin. La violence est telle que même les Dominicains noirs sont en négation avec leur couleur, ils sont indio disent-ils.
Comme réaction, les habitants de l’arrondissement de Ouanaminthe ont fermé la frontière. Ce qui a causé la perte de plus de milliers de pesos pour les dominicains en marchandises qui devraient être écoulés sur le marché haïtien. Ces produits ont été jetés aux ordures et il faut le signaler car il y avait des doutes sur leur qualité.
Cependant, l’Etat haïtien après avoir présenté des excuses au gouvernement d’Abinader pour cette affront a annoncé la réouverture des frontières alors que les haïtiens se mobilisent pour donner une réponse aux dominicains à cause de la violence que leurs compatriotes subissent. C’est un accroc à la dignité du peuple Haitien et les relations entre les deux peuples victimes de leurs élites prennent une autre dimension.
Actuellement les haïtiens ne sont en sécurité nulle part. D’abord chez eux à cause des gangs, ensuite en République Dominicaine à cause de l’immigration qui a mis tout son poids dans la balance pour renvoyer les haïtiens de façon la plus humiliante. Il faut toutefois remarquer, que cette anti haitianisme connaît une certaine opposition de la part d’une frange de la société dominicaine. Il y a une autre histoire entre ces deux pays et c’est une histoire de solidarité et d’entraide.
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