La vie en Haïti se durcit de jour en jour, on a qu’à écouter les témoignages des gens pour le comprendre. Le panier de la ménagère selon les estimations de quelques personnes sera un jour inaccessible pour la majorité de la population haïtienne. Que va t-on manger? Ou alors, où trouver l’argent nécessaire pour la consommation domestique? Ce sont là les questions douloureuses que se pose la population.
Cependant, la lucidité de quelques-uns leur font pointer du doigt le dollars qui prend de plus en plus de hauteur sur le marché haitien, comment comprendre ce phénomène?
Fred Doura dans son dernier ouvrage sur l’économie d’enclave en parle longuement et selon lui, ce modèle économique qui tend à utiliser les parties des territoires des pays en voie de développement pour les besoins des grandes métropoles détruit la population vivant sur ce territoire. L’argent investi dans ce modèle économique retourne a sa source initiale, puisque le souci de la maximisation des profits incitent ces investisseurs à chercher des territoires dépendants pour mieux appliquer cette exploitation. L’Etat sur ce territoire est minimal et n’intervient que pour protéger les intérêts de ces investisseurs. Prises dans le piège du capitalisme mondialisé, les gens de cette population périssent à petit feu. Haïti est un modèle par excellence.
Toute l’histoire économique de ce pays se base sur ce modèle économique, des enclaves minières à celles agro industrielles, le sous développement se développe. Le dollar depuis l’occupation américaine du pays est la monnaie par excellence, toutes les transactions économiques se font en dollars ce qui cause une dépréciation de la monnaie nationale la gourde. Haiti, pris dans ce modèle économique ne peut pas développer son secteur industriel et agronomique. C’est un exercice d’importation massive des produits de première nécessité venant de la République Dominicaine et des États-Unis.
Dans une logique d’accumulation et de profit, les prix de ces produits ne cessent de grimper et ce même système économique assure l’hégémonie des groupes politiques allant dans cette même logique d’où l’insouciance de l’Etat. La banque centrale ne cesse d’injecter, mais les gros importateurs s’accaparent de cette injection pour gonfler leur capital et leur capacité d’importation et d’implication dans le secteur périphérique du capitalisme mondialisé.
Ce qui donne quoi comme résultat, une instabilité politique chronique. Une économie haïtienne incapable d’intégrer la population d’ou l’informalisation de cette économie. Un tayide chômage, une inflation et l’insécurité qui est une arme économique et politique pour maintenir le statu quo. Le dollar devient inaccessible pour les clients des banques commerciales même sur le compte en dollar. En somme une crise humanitaire qui pourrait déboucher si la situation persiste sur une crise insulaire et régionale et la migration excessive des haïtiens pour cause économique est massive.
Les grands acteurs des transactions économiques captent le dollars et les petits et moyens entreprises et grossistes suivent le courant des prix ainsi les gens du peuple en payent les frais. Un rapport effectué par une organisation internationale en 2021, affirme que plus de 70% de la population haïtienne est sous la menace de la crise alimentaire. En 2022 avec un taux de plus de 150 gourdes pour un dollar sur le marché informel et 123.28 gourdes pour un dollar sur le marché formel pour le 10 août 2022, le calvaire de la population est à son paroxysme.
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