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L’hôpital général ou l’échec d’un discours politique

Depuis quelques décennies, on assiste à un processus de banalisation sans précédent en ce qui concerne le pays. Les institutions de services publics oscillent entre manifestations de faiblesse et aveux d’impuissance. Que ce soit le carnaval national, la réouverture des classes ou la rentrée universitaire, rien n’est épargné. Le comble de cette banalisation concerne actuellement la question de la santé publique.

L’hôpital général, le plus grand centre hospitalier de la capitale, est un exemple frappant de cette situation. Ce complexe médical, en construction depuis le tremblement de terre du 12 janvier, devrait concentrer tous les services médicaux nécessaires, qui sont pour la plupart inexistants. Entre détournements de fonds, vols de matériel à des fins privées et insuffisance des ressources financières, les travaux de finalisation de cet hôpital n’avancent pas. Malgré tout, il reste la destination principale pour ceux qui n’ont pas les moyens de se rendre dans des cliniques privées.

Récemment, l’hôpital a changé de fonction. Après que des groupes armés ont saccagé les locaux, la police nationale, avec des unités spécialisées, tente de reprendre le contrôle du centre-ville en utilisant l’hôpital comme base. Ce passage d’un centre hospitalier à une place forte a changé le symbolisme de l’hôpital. Le premier ministre, accompagné des médias locaux et étrangers, exploite ce symbole pour montrer à l’opinion publique que l’État commence à répondre sérieusement à la question de l’insécurité dans la capitale.

Le premier ministre a récemment effectué une tournée médiatique, non seulement pour redorer son image ternie par des accusations d’incompétence, mais aussi pour mobiliser la presse et influencer l’opinion publique en sa faveur. À deux reprises, il s’est rendu dans les locaux de l’hôpital pour démontrer à la presse internationale, notamment kenyane, que des actions gouvernementales en matière de sécurité sont en cours.

Cependant, des échanges de tirs entre les groupes armés et les forces policières, y compris les unités kenyanes, ont contraint le premier ministre à quitter la zone en urgence. Une fois de plus, cette situation illustre la dualité entre manifestation de puissance et aveu de faiblesse.

Des interrogations surgissent : Comment un régime générateur d’insécurité peut-il prétendre la résoudre ? Le premier ministre est-il l’homme de la situation ? Quel est le poids de l’opinion publique dans ce contexte marqué par des scandales impliquant des membres du conseil présidentiel de la transition et la primature ? Existe-t-il une lutte de pouvoir entre le conseil présidentiel de la transition et la primature pour prouver à la population haïtienne et à la communauté internationale leur capacité à diriger ?

En attendant, les Haïtiens restés au pays ont les yeux rivés sur les prochaines élections présidentielles américaines, espérant que ce scrutin déterminera leur sort actuel et futur.

Richecarde Célestin

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