Dans une réunion tenue en Jamaïque concernant la crise haïtienne, La CARICOM, une organisation régionale de la Caraïbes a invité les acteurs politiques haïtiens pour dialoguer en vue de concocter un nouvel accord en vue de penser l’organisation des élections pour renouveler le personnel politique. Le premier ministre Ariel Henry a fait un discours puis a laissé l’assemblée alors que la séance n’était pas encore arrivée à terme. Ce fut la consternation parmi les invités sur place.
Certains l’ont vu comme un manque de respect de la part du premier ministre, d’autres une action de force prouvant que l’homme fort du moment c’est lui et qu’aucun gouvernement parallèle n’est prévu dans son agenda politique. Ici, il est question d’analyser ces trois acteurs, La CARICOM comme institution, le premier ministre et les autres personnalités politiques présentes à la Jamaïque pour le dialogue.
Le premier ministre Ariel Henry émerge dans un épisode assez critique dans la conjoncture en Haïti. Dernier acte politique du feu président Jovenel Moïse, Ariel Henry prend les commandes après la mort de celui-ci. Non seulement il n’a pas de légitimité, mais il concentre les pleins pouvoirs présidentiels et ministériels de l’Etat haïtien. En plus, la communauté internationale le reconnaît et l’appuie. Il reste toujours fort malgré que les réalités socio-économiques et politiques en Haïti s’empirent. L’insécurité a connu un pic sous sa gouvernance. Malgré tout, il reste toujours au pouvoir.
Les signataires de l’accord de Montana sont les autres acteurs. Ils tentent de mettre en place un gouvernement parallèle comme contrepoids à celui du premier ministre. Ces derniers n’ont pas la capacité de mobilisation, ni la force politique nécessaire pour renverser le gouvernement actuel. Ils boudent les appels au dialogue avec le premier ministre, mais répondent à celui de l’international attestant que celui-ci leur appuie.
Mais peine perdue, la communauté internationale a choisi son homme, et poursuit son agenda. Leur faiblesse fait corps avec leur incohérence. L’objet principal de cet article est de mesurer le poids de la CARICOM sur l’échiquier politique en Haïti. Celui-ci n’a pas le même poids que les Nations Unies ou l’OEA. Deux instruments phares de la politique étrangère américaine pour la région, pour l’hémisphère.
La Caraïbe comme espace est une construction du capitalisme et de l’impérialisme avec tous les leaders coloniaux et néo-coloniaux, État comme institutions économiques. De ce fait, la CARICOM émergent d’un espace totalement dépendant de l’aide américaine tenait à contrecarrer les visées américaines tant bien que mal. Mais comme organisation, la CARICOM ne pèse pas sur l’échiquier politique et suit également la logique américaine pour la région.
Cette réunion obéissait-elle a une logique d’autonomie visant à agir autrement dans la politique haïtienne? Ou bien, avait-elle un mandat de conforter internationalement la place du premier ministre à la tête de l’Etat haïtien? Un fait est sûr, sans l’assurance de Washington, le PM n’aurait jamais eu un tel comportement. Sa position de force dépasse les frontières. Il y a une issue pour l’opposition en Haïti, cohabiter avec lui. Mais quelle est la place du peuple haïtien dans toute cette dynamique? C’est toujours la violence, l’insécurité et la migration de masses qui alimentent la conjoncture du peuple, c’est une communauté en fuite physique ou psychologique.
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